1. Le Legal design, la génèse
A. Une méthode inspirée du Design thinking (ou « pensée de conception » en français)
Le Design thinking est un mode de production de l’innovation, c’est-à-dire un concept qui guide la manière dont il faut procéder pour créer de l’innovation ou résoudre une problématique donnée. C’est une technique créée par des designers, pour des designers.
Ce concept de Design thinking est né dans les années 80, et a notamment été développé par l’agence de design IDEO. Ce concept a repris des techniques de designers qui existaient déjà, en proposant un processus de création en cinq étapes dont deux sont tout à fait innovantes :
- L’empathie : « Ce n’est pas le travail des consommateurs de savoir de quoi ils ont envie. Le client est incapable de savoir qu’il veut quelque chose qui n’existe pas encore » a dit Steve jobs. L’empathie est la capacité à aller chercher les besoins du client (même inconscients) en étant au plus proche de lui et de son vécu. L’empathie en Design thinking est centré sur le sentiment, car la meilleure façon de comprendre les besoins d’une personne, son fonctionnement, et surtout ses attentes, c’est de se mettre à sa place et d’expérimenter son vécu. On parle alors d’ « expérience utilisateur ».
- Le prototypage rapide : La phase de prototypage est la phase qui permet le passage de « l’idée abstraite » au « concept concret ». Le but est de partir d’une idée et d’en tirer rapidement un prototype, que l’on pourrait qualifier de « premier jet ». La qualité du prototype n’importe que très peu. L’avantage de cette technique est la réalisation rapide d’un prototype, la réception rapide de retours pertinents des autres pôles de l’entreprise, voire des clients potentiels afin d’en évaluer rapidement le potentiel. Cela évite de consacrer des semaines d’effort sur un prototype qui n’a, après expérimentation, aucune valeur.
Le Legal design a de plus en plus de succès auprès des entreprises, des grands groupes tels que General Electric et P&G l’ont par exemple utilisé. Les entreprises utilisant ce concept ont par ailleurs un grand avantage : d’une part, elles sont plus créatives et innovantes, et d’autre part, les liens entre les différents pôles de l’entreprise sont renforcés.
Pour conclure, utiliser le Design thinking, c’est se mettre à la place de l’utilisateur pour en comprendre les attentes et les difficultés, afin de proposer ensuite des solutions sur mesure qui sauront captiver toute leur attention. Le Design thinking peut tout à fait s’appliquer dans des domaines particuliers, et notamment le domaine juridique. On parle alors plus précisément de Legal design.
B. Du Design thinking au Legal design
Appliqué au domaine juridique, la méthode de Design thinking permet la création de contenus juridiques en partant du besoin de l’utilisateur et en aboutissant à un contenu clair et compréhensible. La matière juridique est considérée par les non-juristes comme abstraite, complexe et peu accessibles. C’est la raison pour laquelle, dès le Moyen-Age, des premières traces de simplification du droit sont apparues. En effet, pendant cette période-là, des « arbres de droit » sont créés afin de rendre plus accessibles certains pans du droit tels que le droit des successions ou encore celui de la filiation.
Cependant, il faut attendre le 21ème siècle pour voir apparaître un véritable développement du Legal design.
Exemple de Legal design : La première illustration retentissante du Legal Design a lieu en 2009. En effet, après avoir constaté que la réglementation de New-York concernant la vente ambulante était trop complexe pour les non-juristes, le designer Candy Chang et le Center for Urban Pedagogy de New-York ont créé un guide illustré présentant les droits et obligations des vendeurs ambulants, sous forme de schémas et de dessins. Ces supports visuels ont donc permis la simplification, à l’aide de symboles et de pictogrammes, d’une information juridique complexe. Ces supports ont eu un franc succès et ont permis aux vendeurs potentiels de mieux s’orienter dans l’application de cette réglementation juridique.
Aujourd’hui, le Legal design est également un concept en vogue en France : Les startup, les entreprises et les cabinets d’avocats sont de plus en plus nombreux à utiliser cette nouvelle méthode de simplification du droit.
2. Le Legal design, un concept attrayant
A. Une méthode centrée utilisateur, pluridisciplinaire et collaborative
Le Legal design est conçu pour faciliter la compréhension du droit aux différents utilisateurs, quel qu’ils soient : citoyens, commerciaux ou même professionnels du droit. Il n’existe pas de définition ou d’explication unanime de la méthode du Legal design. Pour autant, tous s’accordent à dire qu’il s’agit d’une méthode : centrée sur l’utilisateur, pluridisciplinaire et collaborative.
- Une méthode centrée sur l’utilisateur : La conception du document/service juridique en question doit partir des besoins, des attentes et des contraintes de l’utilisateur. Il s’agit, pour le juriste, de se placer dans la situation d’un non-juriste afin de rendre le document le plus utile et compréhensible pour ce dernier. Le but est de comprendre le problème rencontré par les utilisateurs (cela renvoie à l’étape 1 nommée « empathie » et décrite précédemment dans le cadre plus général du Design thinking).
- Une méthode pluridisciplinaire : Le Legal design est basé sur une collaboration étroite entre juristes et designers. D’autres expertises peuvent également être amenées à collaborer : les professionnels du domaine des sciences sociales, des sciences cognitives et des neurosciences par exemple.
- Une méthode collaborative : Le Legal design implique la collaboration entre les différents acteurs précités mais également une collaboration avec les utilisateurs.
B. Des domaines d’application divers et variés
Le Legal design peut être appliqué pour concevoir des documents et services juridiques divers et variés. En effet, cette méthode peut permettre la création de documents juridiques tels que des contrats, rendus plus intelligibles grâce à des schémas ou à un code couleur particulier par exemple.
Le Legal design peut être considéré comme une valeur ajoutée pour les cabinets d’avocats. Soucieux de faciliter la compréhension des conseils juridiques qu’il donne, l’avocat peut être séduit par cette nouvelle approche. A titre d’exemple, il peut décider de rendre ses conclusions sous une forme plus imagée et intelligible pour le client. Celui-ci pourrait ainsi mieux évaluer et comprendre le travail accompli par l’avocat. Une telle compréhension serait source de confiance dans la relation liant l’avocat et son client. C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, certains professionnels du droit ont recours à des formations en Legal design.
Par ailleurs, le Legal design peut également permettre et faciliter la réalisation de certaines démarches administratives et juridiques, notamment lorsque celles-ci sont dématérialisées. L’essor grandissant des Legaltechs permet à un grand nombre d’utilisateurs de se rendre sur une plateforme sur laquelle il va pouvoir obtenir, rapidement, et de manière plus ou moins intelligible, la réalisation d’une prestation juridique. A titre d’exemple, Axiocap fait partie de cette catégorie de Legaltech, en permettant, notamment, la réalisation d’une exigence légale : la tenue des registres de mouvements de titres. Ce service est proposé de manière dématérialisée et sécurisée et est basé sur la technologie Blockchain. Cette prestation de service entre dans ce que l’on appelle le Legal design : la plateforme est agencée de manière ergonomique et propose un accompagnement des utilisateurs sur l’utilisation et la gestion de leurs registres de mouvements de titres dématérialisés.
Rendez-vous sur notre page registre des mouvements de titres pour en savoir plus.